Sentier du vertige: de Fiz en Aiguilles

Depuis quelques jours déjà après avoir potasser les topos en marge d'effectuer une traversée d'arête, je propose à F.h. de partir découvrir le massif des Fiz sur la belle partie rocheuse que l'on aperçoit au dessus de Sallanches en allant en direction de Chamonix. Le programme original devant former un huit avec deux traversées n'aura pas lieu comme prévu sans grimace au point de rendez-vous. En effet, la pluie tombée toute la nuit n'a pas l'air de vouloir s’arrêter au petit matin.

En approche du site, le brouillard est si bas que nous ne voyons pas l'objectif du jour depuis la route en face, nous restons tout de même déterminés à découvrir au moins une partie de ce coin que nous ne connaissons pas. Nous démarrons depuis Coudray par une piste forestière en marchant sur un bon rythme et quelques relances dès que la pente nous le permet jusqu'aux chalets de Varan (1620m). Quelques gorgées d'eau au bassin malgré l'humidité qui règne ici avant de gravir la grande pente digne d'un kilomètre vertical sur un petit chemin très bien balisé (points rouge tout les 2 mètres) et entretenu (avec de beaux petits murets à chaque virage sur la partie finale). A mi pente (c'est ce qu'on pense...), nous entrons en plein brouillard entre 5 et 10 mètres de visibilité en espérant sortir d'une mer de nuage au début du monolithe.

Nous prenons sur notre gauche, une fois passés le Col de Barmerousse (2325m) avec toujours aussi peu de visibilité et pas d'occasion de profiter du paysage, à travers les lapiaz. Arrivés au pied du monolithe, nous perdons la signalétique devant nous mener à l'Aiguille Grise de Varan (2544m), cherchons un passage accueilli par des bouquetins prenant la fuite pour se rendre compte dans le brouillard épais que la vire et la cheminée ne sont pas là après quelques minutes. Les jeunes bouquetins laissent résonner des pierres débaroulantes nous laissant imaginer un milieu hostile. Nous retournons sur nos pas pour rechercher un kern oublié. Le chemin retrouvé, la première cheminée obstruée par un bloc dont c'est l'itinéraire est quelque peu humide, nous trouvons un petit passage d'escalade plus sec 2/3 mètres plus loin. Le brouillard se dissipe un peu et reste toujours sous nos pieds. Les gradins supérieurs gravis, nous trouvons la seconde cheminée conduisant à la pente sommitale, au milieu de blocs; Malheureusement, une fois au sommet de l'Aiguille, nous ne verrons rien, pas même l'Aiguille Rouge (2636m) qui est à côté. Nous reprenons le seul chemin de retour jusqu'à l'intersection au point 2464 suivi d'une courte partie en arête.

Le brouillard s'épaissi à nouveau mais nous parvenons à trouver un court passage d'escalade facile après la vire herbeuse, l'ambiance est bonne sans affolement, nous ne distinguons pas le vide sous nos pieds mais nous le ressentons suffisamment lors de la petite vire rocheuse qui contourne sur les abîmes versant ouest avant de rentrer dans l'arête rocheuse finale et une autre cheminée. Le sommet est atteint, toujours au milieu de la brume, nous reprenons le même itinéraire en voyant le brouillard se dissiper une fois la vire passée, nous y retournons pour voir l'éventuel paysage que l'on aurait rater. En effet, un beau gaz en dessous... mais pas assez suffisant pour faire des photos, la brume épaisse réapparaissant.

Toutes ces recherches de bons itinéraires et placements nous font perdre du temps, déjà bientôt 3:00 passé ici. La suite se passe par l'arête faîtière au milieu de roche fissurée et usée par les glaces qui s'élargira en un vaste lapiaz. La dissipation arriva, le Sautet en vue, ainsi qu' une harde de bouquetins avec des petits, affolée, que nous suivrons un moment jusqu'à les contempler dans leurs acrobaties de rocher en rocher. Nous arrivons sur un point périlleux de la traversée, la brèche du Sautet (2612m), deux choix s'offrent à nous, redescendre une vieille corde sur 15/20m (alors que le topo parle d'une désescalade dans le versant est de 30/50m), soit sauter la petite plate-forme en face avec un risque de chute évident avec nos semelles peut-être encore humide. Nous opterons tous les deux pour la corde en imaginant les petits bouquetins sauter ici sans la moindre hésitation.

Plus loin, nous retrouvons un autre troupeau beaucoup moins stressé au bord d'un névé en direction de la Tête du Colonney (2692m). Voyant le passage d'escalade de 10m trop mouillé et pourtant facile pour atteindre le sommet, nous recherchons un autre accès en faisant le tour. Après quelques blocs gravis, nous arrivons au niveau de la sortie de la voie normale. Nous remontons la partie herbeuse jusqu'au pierrier. De petites grottes sont formées sur la droite, je décide par curiosité de voir à l'intérieur tandis que François continue sur la sente, la lumière sort à l'autre bout de cet abri à bouquetins me permettant de m'y faufiler et d'en ressortir pour retrouver François. Nous escaladons les gros blocs facilement jusqu'à atteindre ce nouveau sommet. Après un retour en arrière en inversant les rôles pour le passage de grottes, nous opterons par une courte traversée longeant le rebord d'une cuvette en pierraille où nous ne manquerons pas d'avoir quelques rebonds de pierres sur les tibiats et malléoles jusqu'au Col de Tré l'Epaule (2532m). Partie nettement plus accessible à tout le monde, la petite arête rocheuse sera quelques peu contournée pour un passage de névé. La suite très bien balisée en bleu jusqu'à la Tête des Lindars (2560m, où nous bifurquerons sur la descente à notre droite pour éviter l'approche des remontées mécaniques de Flaine.

La descente sur les chalets de Platé (2032m) se déroule sur une partie du trail du tour des Fiz que j'aurai l'occasion de faire fin juillet, passant trop vite devant le panneau directionnel, nous partons sur une autre direction avant de revenir sur nos pas aux chalets.

Le chemin se dirige vers le rebord d'une falaise impressionnante dont on aurait eu du mal à penser qu'un chemin passait ici, comprenant un joli petit pont "Les Egratz". Au pied de la faille, nous ferons connaissance avec cinq marmottons quelque peu craintifs. François arrivera à s'en approcher à quelques dizaines de centimètre avec la Gopro au bout d'une quinzaine de minutes.

Ensuite, la fin du parcours rejoindra le GR du TPMB par la Charbonnière sur une dernière bosse de 240m en direction des chalets de Varan pour retrouver le chemin et la piste de départ.