La petite trotte du Salève - Béta

Le besoin de découvrir de nouvelles parties du Salève (la "petite" montagne de prédilection des Genevois) avant l'hiver sera arrivé à temps. Sur invitation de François Lachaux, grand passionné de course en montagne et des sentiers du Vertige, et après 6 mois de recherche terrain nous propose un parcours hors norme de plus de 6:00 à travers vires et terrains accidentés sous le nom de "la petite trotte du Salève". "Béta" car différente d'une boucle effectuée avec Sylvère Pruvost.

Je retrouve F.H. et Matthieu Brignond, qui se mêlent à nous pour cette séquence à couper le souffle.

Le départ est donné au parking des Varrapes comme la dernière fois avec un petit échauffement de varappe sur un premier bloc, nous crapahutons à travers les blocs dans cette continuité pour rejoindre la Pierre Fendue dans un mouvement d'escalade athlétique, après avoir redescendu un petit couloir pierreux exposé aux chutes de pierres. Le passage dans l’en-traille ne dure qu'un moment mais laisse pousser à l'imagination cinématographique aventurière.

Une fois passé ce premier amuse mouche qui aura zappé une petite étape raide (de la fois précédente), nous atteignons la sente qui nous mène à l'entrée du sentier des Etiollets. Nous accédons au gros câble fixé sur la dalle verticale, et choisirons de suivre les vires Bütikoffer.

Les vires plus ou moins étroites sont équipées succinctement d’échelons, et vieux câbles rigides. Certains endroits ne sont pas protégés du tout malgré le vide apparent.

Le brouillard épais gâche un peu la vue mais génère une ambiance plus ou moins sécuritaire.

C'est en remontant sur le portail de Chavardon que nous ferons une curieuse rencontre en pleine forêt, sur le chemin d'Orjobet tapissé de feuilles glissantes. Et comme je l'ai souvent lu et entendu, chaque sortie au Salève regorge d'histoires insolites et scabreuses. Un homme déboule en pleine descente avec ses béquilles comme si c'était une sortie banale.

Je découvre la grotte d'Orjobet par sa rampe. Une fois de plus, l'instant est magique dans cet escalier tournant traversant la montagne. Nous visitons la petite grotte qui se trouve en haut de l'escalier où une entrée de spéléo est probable au fond dans l'obscurité.

Après une traversée du sentier des Etournelles, nous retrouvons le sentier de la Corraterie après une sortie de forêt et quelques passages courts d'escalade faciles et sans danger à travers les blocs, pour reprendre l'itinéraire plus fréquenté traversant à flanc la falaise surplombante de la Petite Corraterie. On y retrouve une large table pédagogique et un point de vue sur ... la mer de nuages.

Comme la dernière fois, je retrouve la base du massif rocheux du trou de la Tine mais par un autre itinéraire. Nous tentons un accès de découverte à droite qui ne mènera nulle part. Puis nous suivrons une sente et un petit mur qui nous mènera sur les hauteurs du trou, tel un pont.

Nous prendrons une sente sur la gauche remontant au dessus du trou (spot de slackline) pour retrouver le sommet de la falaise de la Corraterie. Sur le trajet, nous observerons un chamois couché paisiblement en face à l'endroit même où nous devrons passer, celui-ci aura mis un peu de temps pour sentir notre présence.

Nous voyons enfin le soleil lors de la traversée herbeuse de la Corraterie et profitons de cette "longue" distance à plat pour courir un peu plus. Quelques nouveaux pas de désescalade à travers un petit couloir nous font récupérer un sentier pour atteindre à nouveau les hauteurs et "la civilisation" (2 mètres de goudron). Nous ferons la connaissance d'un habitué du coin nous renseignant sur quelques accès que nous ignorions.

Après cette petite pause, nous passons à nouveau en forêt sur les traces des Bûcherons Supérieurs. Le terrain y est parfois raide et bien parsemé de feuilles lors de cette traversée. Matthieu et François Lachaux feront la rencontre avec 7 sangliers en fuite.

On descend d'un étage pour revenir "en arrière" toujours en sous-bois et prendre le sentier des Bûcherons Inférieurs en partie légèrement ascendante, et passant sous la trajectoire du téléphérique. D'énormes avertissements peints en rouge sur les rochers sont présents à deux reprises invitant à rebrousser chemin avant de trouver la vire du Canapé qui se trouve au milieu des Bûcherons Supérieurs. On comprendra tout de suite pourquoi car le canapé n'est pas trop le spot pour se pavaner devant le paysage, même si nous passons sous de petites voûtes. Tout le bruit d'en bas remonte depuis l'ouverture sur la carrière et nous avons 200m de vide sous nos pieds. Le terrain est bien accidenté et étroit avec un câble qui limite un minimum l'insécurité. A éviter par mauvais temps.

La vire du Canapé s'élargit puis remonte légèrement pour aboutir à une bifurcation.

Sur cette vire, nous utilisons sans modération le câble présent le long de la paroi pour passer le sentier qui comprend un site d'escalade dont certaines voies sont en cours d'exploitation. On y retrouve toutes les voies nommées sur des galets collés et décorés par un artiste qui s'est bien lâché. Lors de cette petite traversée, on trouve des passage sur corde et chaîne où bien sûre il ne faut pas se louper.

Nous suivrons le sentier des Buis (bien qu'il ne soit pas indiqué) à travers quelques parois rocheuses longeant une petite rampe sur 5min.

Nous nous retrouvons plus bas lors d'une traversée avec un passage plus abordable le long de voûtes qui s'appelle le sentier des Chamois avant de reprendre une sente en descente (Petite Gorge) moins évidente où une chaîne apparaît par endroit.

Nous remonterons un long couloir sans trop de prises naturelles (même si le terrain est sec, ça ne devrait pas passer vue l'inclinaison) équipé d'une corde verte récente accrochée à un gros arbre couché. Chacun attend son tour pour prendre le relais, le terrain étant très instable.

Une ascension dans Grande Gorge Intérieure nous offre le Rocher de la Poupée, petit bloc posé sur un plus volumineux que chacun gravira.

Nous remonterons un long couloir sans tenues naturels (même si le terrain est sec, ça ne devrait pas passer vue l'inclinaison) équipé d'une corde verte récente accroché à un gros arbre couché. Chacun attend son tour pour prendre le relais, le terrain étant très instable.

La sente de Grande Gorge Intérieure rejoint le Trou du Chat, un petit passage à travers la roche au dessus du couloir qui peut s'enjamber mais nous préférons passer dedans avec la chaîne présente pour atteindre la suite descendante plutôt glissante. 2 courts points de fer aident aussi ici à descendre car les prises étaient bien humides.

Le point suivant appelé le Pas de Singe, remonte une courte partie rocheuse très glissante, l'eau s'y écoule même par endroit sous les mousses. Une chaîne neuve est heureusement installée avec des appuis de pieds minim.

On remonte un peu plus haut dans une partie très humide pour récupérer les Vires Sarrot-saut Gonnet.

L'itinéraire est maintenant balisé de marques rouge, même s'il reste très sauvage. On se retrouve toujours à longer les strates de calcaire sur passage étroit à l'aide de corde et chaîne. On est pas loin de sortir la tête du brouillard.

Un peu plus loin je reconnais le chemin que j'avais pris la dernière fois dans l'autre sens, François Lachaux me suggère de ne rien dire aux autres pour leur faire la surprise. Nous sommes à la grotte de la Mule. Nous laissons François Hivert prendre les devants à la recherche du trou en haut de la grotte par un passage d'escalade bombé de gros bacs patinés. On sent tout de suite que tout le monde est content de passer à travers les trous pur découvrir se qui se passe derrière.

Le meilleur pour la fin, en direction du Sphinx, ou plutôt par le passage à vide sur la vire du Bonhomme à la limite de la mer de nuage. Le but ici est de traverser sous le Sphinx pour rejoindre une petite tour rocheuse en face, en un passage de 6 mètres en rampant sous la strate. L'adrénaline est là! Et cerise sur le gâteau, nous contemplons les derniers rayons de soleil par dessus les nuages depuis le Bonhomme.

Nous remontons pour effectuer toute l'arête majestueuse du Sphinx jusqu'au portail.

La dernière descente retrouve le sentier des Etiollets dans l'amphithéatre gigantesque (ou cirque des Etournelles). Nous traînons sans tarder pour ne pas nous retrouver dans le noir en enchaînant les mains courantes. Nous désescaladons le passage du Fromage sans difficulté par des accès différents avant de passer par la corde bien humide du passage des Limaces. On récupère le gros câble du départ de la dalle des Etiollets, puis repassons par la Roche Fendue.

L'obscurité arrivera en même temps que nous à la voiture pour déguster un gâteau patate et quelques "jus de céréales".

Encore un grand merci à François Lachaux pour cette itinéraire acrobatique et riche de sensations.

Il est à préciser que de nombreux passages sont très dangereux et glissant aussi bien sur vires qu'en forêt, que le risque de chute de pierres n'est pas à exclure avec le grand nombre de gibier présent. Une très grande prudence est donc nécessaire dans cette petite montagne où il est facile de se perdre, d'où l'intérêt de faire des recherches et se renseigner sur les nouveaux points à exploiter. Le Salève regorge de petits secrets oubliés...