La Croix des Têtes

Voilà déjà un bon moment que je convoitai à poser les pieds au sommet de cet impressionnant édifice qui borde la route après Saint Jean de Maurienne à force de passer devant chaque jour en allant à Valloire. J'esquive quelques parcours sur papier avec le peu de renseignements trouvés sur internet. Jérémy Pouge se joint à moi pour découvrir le secteur par une boucle démarrant du parking du site d'escalade de Saint Martin de la Porte (870m) pour trouver la Croix des Têtes (2491m), la cheminée (2396m) après les Ciseaux (deux doigts en "V"), le sentier de Beaureval (1700m), remonter au Col du Bonhomme (2412m) et finir par le Crêt de la Pare (2193m). La ballade nous aura offert quelques mésaventures sur les hauteurs nous obligeant à changer l'itinéraire.

Après avoir fait notre petit échauffement le long des bois des Combes, la Bottolière et la forêt de Beaune sous leurs doux parfums d'automne avec 400m D+/2,5kms dont tous les topos se serraient passé en partant des Planchettes, nous trouvons un petit coin sympa sous les arbres au bord d'une épingle avec une table en bois de bord d'autoroute à 1700, puis 100m plus tard les premiers blocs calcaires sur la sortie de forêt de pins. Le sentier propre se glisse dans un pré d'herbe dorée commençant en renvoyer la chaleur de cette belle journée. Une première belle vue sur le Bec de l'Aigle en s'approchant un peu du videpuis un peu plus loin après quelques pins, un beau gendarme droit comme un doigt juste au dessus de nous. L'ambiance est tout de suite plus plaisante et donne déjà à l'imagination de sautiller à travers les nombreux blocs de calcaire.

Après la partie grimpante, nous traversons un replat typé méditerranéen, quelques vieux pins au sol au milieu des rochers où l'on serait bien pour une halte pic-nic. On trouve sur notre chemin enfin quelques indications en peinture ou cairns. Notre premier bouquetin de la journée ne traîne pas.

Nous arrivons au passage du Pin Brulé, long couloir de pierres fracassées, on y trouve un bout de corde sur le départ qui n'est pas fort nécessaire (puisque nous l'avons vu au retour seulement). Nos échos résonnent un peu avec un petit vent frais qui nous suit.

Une fois le couloir sorti, un large rampan dalleu apparaît, et au premier abord je ne distingue pas de sentier et continue donc ma lancée dans le vertical ne paraissant pas très stable en toquant dessus. Jérémy me signale un gros bouquetin à quelques mètres nous regardant. En me rapprochant à quelques mètres du sommet, ma présence le dérange et vient donc à ma rencontre de ses lourds sabots résonnant. Voyant ses grosses cornes s'approcher, je rebrousse assez vite mon chemin derrière Jérémy qui vient de trouver une sente traversant le pierrier de dalle effritée qui nous amènera à une nouvelle question d'itinéraire.

Deux choix s'offrent à nous, le premier sur la droite grimpant sur des marches dans un petit couloir qui n'a pas l'air d'être très emprunté (on essaye sans savoir que c'est la première mamelle) puis redescendons ne voyant pas de continuité possible pour retrouver le passage de gauche nettement plus propre.

Propre mais vertigineux à certains endroits, c'est le passage de tut tut. Pas mal de gaz en dessous mais les prises sont bonnes.

Nous montons sur toutes les mamelles, la troisième étant la moins évidente dans sa descente. On suit la lignede crête pourtant bien désherbée, on trouve un point split. Un petit doute nous gêne après un bloc qui nous empêche de distinguer sa hauteur pour retrouver la dernière croix. Nous revenons en arrière jusqu'au sommet et suivons un passage herbeux très sec qui semble avoir été emprunté puisque l'on y trouve des bâtons. Nous sommes moins à l'aise mais confiant malgré la pente raide qui appelle. Jérémy ouvre la voie, le sentant sûre de lui et convaincu que l'accès est par ici, je le suis sans trop regarder par où il passe, je me retrouve avec moins d'avance et un peu coincé mais parvient à passer avec un début de peur à quelques mètres de sa voie.

La dernière croix sera l'occasion de faire une pause pour surtout se remettre de mes émotions et reprendre un peu des forces. Nous avons envie d'en finir car la journée passe et n'avons pas envie de rentrer de nuit si la suite est aussi longue.

On distingue les ciseaux en face dans la dernière montée que l'on devait passer avant la descente par la cheminée décrite sans danger.

Hors sur la sente rocheuse, nous retrouvons des splits et une partie plus délicate que l'on a du zapper dans un topo. Entre 50 et 100mètres sous nos pieds nous bloquent, une belle réglette de 25/30cm à franchir mais pas de bonne main gauche pour franchir le pas. On regarde l'heure, il ne fait pas chaux à l'ombre, on cherche des solutions, des excuses en regardant la hordes de bouquetins en face nous narguant dans les rochers. Je me penche pour voir une bonne prise mais rien. Ca dure 10 minutes.

Pour nous, pas de doute il fallait une petite corde. Donc retour sur nos traces, en repensant au passage herbeux qui risque de ne pas être des plus faciles. En observant mieux, deux passages sont possibles sur la gauche du bloc qui nous posait problème auparavant. Le bloc en question ne fait qu'1,5m2 en surplomb. Nous gagnons du temps ici avec beaucoup de soulagement.

Le retour se fait comme à la montée avec quelques coupes dans les bois par les éboulis.

Au final, une bonne sortie de 6:20 où l'on aura vraiment pu courir sur le retour.