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Juste une envie de faire partager tous ces moments d'efforts en montagne.

Madeira Island Ultra Trail

Après avoir fait la rentrée des classes en trail plus tôt que prévu, le temps est venu pour le premier conseil de classe... Me voilà parti pour 3:30 de vol en direction de Madère, archipel portugaise de 727 km2 située près du Maroc pendant 4 jours pour tenter les 115km et 6800m D+ du Madeira Island Ultra Trail. Je passe le séjour en partie avec Nuno Caetano et sa femme qui lui, est originaire de l'île et en profite également pour en faire son premier objectif de l'année.

Le ciel n'est pas de notre côté lors du séjour, le ciel est très souvent couvert avec des températures acceptables et légèrement humides par moment. Je loge dans la capitale Funchal où se trouve plus de la moitié des habitants de l'île, des rues surprenantes par leurs inclinaisons, de bons nombres de cultures de bananes, et où il sera difficile de trouver un chemin sympa sans prendre de voiture pour avoir une première approche.

La mise en jambe se fera donc en ville le long du port avant un petit dej' copieux avec les copains à l’hôtel afin de faire un dernier point sur la course et retrait de dossard. Une grosse journée au calme le vendredi entre séance de Compex, massage et sieste car le départ sera donné à minuit heure locale (1:00 en France).

Nous partons en direction de Porto Moniz avec Nuno, son père, Lourens Naudé et Sidonio Freitas à l'autre bout de l'île. Le même départ est donné pour le 115 et le 85kms sur le goudron, autant dire que ça part assez vite mais que ça va vite se calmer en arpentant la première côte, que dis-je, le mur en béton. Une bonne nouvelle, les sensations sont bonnes et je me cale sur Nuno et les autres à travers les rues et le premier levadas (système d'irrigations pour distribuer sur les flancs et en vallées, l'eau abondante qui jaillit des sources à la cime des montagnes). Je perd mon gobelet en route et le récupère de suite sans perdre de place. Le terrain est le plus souvent dur sur goudron et béton bordé de murets en pierres en passant par Ribeira Da Janela, puis lors de la première grosse montée sur la levadas Dos Cedros avec la sensation d'avoir un gouffre sur l'aval par moment avec l'inclinaison automatique du corps contre la montagne; plusieurs escaliers en rondins et béton pour trouver le PC1 à Fanal où je suis sensé retrouver mon premier Zip de gels laissé à un bénévole (l'assistance de Mireille, femme de Nuno, ne se fera qu'à partir du PC5 au km 60 au levé du jour). Je pointe en 2:09 (contre 2:07 prévu) et 10ème à 1' de Nuno et 8' de Julien Chorier sans le savoir (aucune info sur le classement dans les ravitos), pour le moment je me sent bien. Malheureusement, mon ravito perso n'est pas présent au poste, je m'inquiète pour la suite et ne prend pas le temps de boire, juste 2 quartiers d'orange, refais le plein de la seule flasque vide de 25cl un peu en panique et repars avec l'impression d'avoir déjà perdu beaucoup de temps ici et énervé.

Je sort de ma bulle et les questions se posent: aurai-je enfin un zip au PC3 dans 2:30/3:00? Vais-je tenir le coup sans m'alimenter jusque là?

Après une descente soutenue et technique dans les marches en rondin puis béton, une courte partie avec des pierres où je prend un choc sous le talon m'offrant une vive douleur en tentant de vite l'oublier, je bois un verre d'eau au PC2 Châo da Ribeira. La montée suivante de 1200m se fera entre levadas et forêt Laurifère composée d'eucalyptus, lauriers et pins maritimes,et chutes d'eau que l'on ne pourra apercevoir, et toujours avec d'interminables marches irrégulières pour rejoindre seul le PC3 d'Estanquinhos avec un début d'hypothermie et un début de brûlure par frottement des cuisses. Arrivé sur Estanquihos (un peu moins de 5:00 comme prévue, 10è, km 32,9), déjà bien en sueur, sous une tente bien remplie de monde du 85km et du 115km, où je retrouve par bonheur sur un coin de table les 3 sachets zip de barres et gels. Je revis enfin!!! J'ouvre difficilement les emballages avec mes doigts restés au froid et me ravitaille amplement avant de reprendre les chemins. J'ai beaucoup de mal à desserrer les bouchons des flasques également pendant que les gens me regardent faire sans me donner d'aide, je perds déjà pas mal de temps une fois de plus ici et me refroidi. A quelques minutes en sortant du poste, je sent le froid m'envahir et décide de mettre la veste pour me réchauffer un peu lors de la descente. Le brouillard se pointe et baisse l'intensité du faisceau de ma Nao par moment, je craint pour la durée de la batterie avec le froid car elle clignote par moment mais ça passe. Je craint aussi l'apparition des crampes avec le peu d'hydratation faite en 5:00 (1 à 1,25L) mais il n'en sera rien avec les nouveaux manchons et cuissard Compressport, même si ce dernier me donne du file à retordre avec mes brûlures n'ayant pas mis d'underwear.

Je subit donc avec mes douleurs dans l'obscurité et de ces nuages qui nous cachent un restant de pleine lune de ces derniers jours au beau milieu de la forêt exotique, ses parfums et ses marches d'escaliers. Je suis impatient de revoir le jour pour profiter des paysages et d'un éventuel lever de soleil depuis un sommet. Je descend nettement moins fort qu'en début de course pour en garder sous le coude et atténuer mes douleurs. Mon rythme cardiaque a déjà bien baissé aussi lors de la montée, je ne supporte plus de pousser sur les bâtons dans les marches irrégulières et les range sur le sac en rejoignant le PC4 d'Encumeada (km48,6). Premier retard de 30', avec un sentiment de sous estimation de soi, je perds toujours du temps lors du remplissage des liquides et en rangeant les bâtons comme il faut. Je repars pour une courte descente, enchaînée d'une petite traversée en relance le long d'un flanc de montagne où j'aurai déjà du mal à trotter. Nous passerons dans le Réseau Natura 2000 entre forêt Laurifère avec arbres à muguet et orchidées, et massif montagneux sur un sentier de pierres plates et de marches en montant sur Pico Grande. Un coureur me propose gentiement de me ranger ma frontale dans le sac alors que le jour s'est déjà levé avant de me doubler. Un autre plus âgé arrive jusqu'à moi sans dossard en prenant des photos sur la course, nous discutons un peu et j'arrive à comprendre qu'il court depuis le départ comme ça avec mon mauvais anglais; je le retrouverai dans toutes les montées. Nous voyons enfin des sommets au loin. La seconde descente très technique s'offre à nous pour trouver le PC5 de Curral das Freiras pour 700m où m'attend Mireille avec pas mal de choses à manger pour le "petit déj'". Je l'avertie de mon retard d'environ 45', elle me dit que Nuno est 4è et aura 1:00 sur moi. Le sentier me plait plus avec la visibilité et les quelques orchidées blanches et chrysanthèmes sauvages rencontrées. J'arrive en fond de vallée où Mireille m’aperçois à travers la forêt, c'est bon signe...

La sueur me colle au visage, il est temps pour moi de me nettoyer un peu pour me réveiller une fois au PC. Mais que vois-je à l'entrée du village qui sort d'un mur sous une maison et coulant sur la route, de l'eau fraîche, je me rince bien comptant mais ressent en quelques instant une vague odeur, je n'y prête pas plus d'attention mais ça me suis. Quelques mètres plus bas sur une intersection, deux bénévoles indiquant le ravito rigolent me laissant comprendre du pire et au même moment je vois le fil d'eau s'écouler sur ma gauche, mousseuse, fallait que ça tombe sur moi... avec mes entre cuisses cramées. Le PC assez proche, je saute sur le premier robinet pour me rincer et sécher, quel soulagement!! Mireille me charge le sac comme une pro pendant que je mange yaourt, compote, soupe et bonbons, puis me passe une sorte de graisse pour calmer l'irritation des jambes. Ca commence à défiler au niveau du classement, je passe 16è. Une bonne partie en goudron m'emmène sur un sentier forestier où quelques locaux travaillent le jardin à la cerpète. Le chemin est raide, les marches sont à nouveaux présentes, je suis lassé de ne pouvoir avoir plus de vitesse. Ca va être long je sent...

Il est temps d'arpenter ça pour rejoindre les deux points culminants de l'île qui sont Pico Ruivo (PC6 - 1862m) et Pico do Areeiro (PC7 - km 73,3 - 1818m). Je n'ose même pas compter les marches qu'elles soient en rondin ou tailler dans la roche, les échelles et escaliers de fer. Je perd le plaisir de relancer quand il le faut, les jambes n'ont plus l'air d'être avec moi même si je m'alimente bien pour reprendre des forces. Les paysages rocheux sont de toutes beautés, je prend quelques photos pour en profiter.

Un beau petit refuge au loin sera en fait le PC6 où je décide de prendre un thé et un coca coupé à l'eau, et me provoqueront dans la foulée des vomissements pendant facilement 10'. Je repars du PC en ne prenant pas le risque de m'hydrater et m'alimenter pour compenser le manque. Je me sent plus léger en descente mais moins agile avec la fatigue. Une traversée interminable autour de file de crête sur un sentier très escarpé, où l'on rentre dans plusieurs tunnels toujours dans le réseau Natura 2000. Instant magique. Tout au long du parcours, nous passons au bord de grottes appelées "furnas" creusées dans la roche et servant autrefois de refuge aux hommes qui empruntaient le chemin pour couper des bruyères destinées à la production de pieux en bois ou de charbon végétal. Fallait pas s'en coller une à l'époque...

Mireille m'annonce que Nuno s'est arêté au PC7en étant 8è avec une forte douleur au genou, la question ne se pose plus pour moi pour l'occasion, je ne parviens pas à me refaire et la fatigue s’allonge, les places défilent entre les 85 et 115kms. Je tempère, prend des photos, discute avec des bénévoles, galère dans les derniers escaliers jusqu'au PC. Je pointe, m'assois et mange un bout alors que l'on me retire mon dossard au bout de 73,3kms et pas loin de 6000m D+ en 13:38 (2:00 de retard). Je ne me voyais pas passer la ligne d'arrivée à 20:00 avec une accumulation de plus en retard et un risque de blessure qui aurait pu être long à guérir, la saison ne fait que commencer. Les temps publiés le lendemain indiquent que j'étais 26è avant d'arêter, tanpis, la déception n'est même pas là, j'aurai fait une belle séance sur un nouveau terrain de jeu bien difficile pour finir.

J'aurai trouvé de magnifiques paysages et des personnes accueillantes ici, goutté des spécialités tel vin de Madère, puncha, beignets, viande braisée sur branche de laurier fraîche et gâteau local.

Merci à Nuno et Mireille pour leur aide, le partage de ce milieu inconnu, et des bons plans qui font que tout se soit passé à merveille.

Merci à l'orga pour ce beau parcours tout en sécurité et aux bénévoles qui auront eu toujours le sourire même dans la brume et le froid sur les hauteurs.

Aéroport et matos de course.Aéroport et matos de course.

Aéroport et matos de course.

Funchal.
Funchal.

Funchal.

Nuno le long du levadas by night.

Nuno le long du levadas by night.

Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip...  crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva
Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip...  crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva
Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip...  crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva
Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip...  crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva
Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip...  crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva
Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip...  crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva

Au départ avec Nuno Caetano; PC1 à la recherche de mon sac Zip... crédits photos: Aurelio Davide, Carlos Jorge Canha Silva

Le long et beau chemin dallé.
Le long et beau chemin dallé.
Le long et beau chemin dallé.
Le long et beau chemin dallé.
Le long et beau chemin dallé.
Le long et beau chemin dallé.

Le long et beau chemin dallé.

Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
sur les traces de Pico Ruivo
sur les traces de Pico Ruivo
sur les traces de Pico Ruivo
sur les traces de Pico Ruivo
sur les traces de Pico Ruivo
sur les traces de Pico Ruivo

sur les traces de Pico Ruivo

de Pico Ruivo...
de Pico Ruivo...
de Pico Ruivo...
de Pico Ruivo...
de Pico Ruivo...
de Pico Ruivo...

de Pico Ruivo...

... à Pico do Areeiro
... à Pico do Areeiro
... à Pico do Areeiro
... à Pico do Areeiro
... à Pico do Areeiro
... à Pico do Areeiro
... à Pico do Areeiro

... à Pico do Areeiro

Madeira Island Ultra Trail
Madeira Island Ultra Trail
Récup' locale bien méritée.

Récup' locale bien méritée.

PC5, pressé de se nettoyer...
PC5, pressé de se nettoyer...

PC5, pressé de se nettoyer...

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